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Histoire de l'environnement en Europe : catastrophisme et événements extrêmes (du XVIIIe siècle à nos jours)

Si le XXe siècle finissant a bien été le temps de la mémoire, le XXIe siècle commençant est celui de la catastrophe. Estompé le flux mémoriel fédérateur des grandes commémorations, c'est une sourde inquiétude qui s'est installée, alimentée par le dérèglement annoncé des saisons et la fréquence, nouvelle ou supposée telle, des désastres naturels, en attendant la catastrophe finale, « la vérité qui dérange » programmée par les prophètes du changement climatique global.
A vrai dire, mémoire et catastrophe sont les deux faces d'un processus interactif, la mémoire étant souvent remémoration d'une rupture sociétale ou d'une issue dramatique, au sens premier du mot catastrophe utilisé dans le registre théâtral. Entre la catastrophe et sa mémoire, la modernité a intercalé le risque, notion liée à l'individualisme triomphant, au jeu de hasard, à l'esprit d'entreprise et à la société assurancielle. Le terme est étendu ensuite aux aléas et dangers de la nature. Mais l'esprit est tout autre car la transposition laisse de côté la stimulante ambition du gain. Il n'y a que des joueurs perdants même si la société occidentale a vécu pendant deux siècles sur l'illusion d'une possible maîtrise des risques naturels. Leur gestion a mobilisé les chercheurs de toutes les disciplines. Elle ne manque guère de manuels techniques, tous férus de stratégies pour maximiser, minimiser, améliorer la résilience et endiguer le trauma.
Notre projet d'historien est autre. Non pas faire une fois encore l'histoire des cultures du risque, non pas proposer la revue savante des multiples savoirs et pratiques mis en œuvre afin de gérer l'imprévisible. Ce livre se veut histoire culturelle des catastrophes et des risques. En effet, la société occidentale a mis consciencieusement en images les premières et en textes les seconds. Quelles sont donc ces représentations plurielles ? Quel peut en être l'usage social ? Quels acteurs sont engagés dans leur promotion? Pourquoi la notion de risque, venue de la navigation et du jeu, peut-elle aujourd'hui s'appliquer à des comportements aussi divers qu'implanter sa maison sur les flancs d'un volcan, avoir des rapports sexuels non protégés ou manger du poulet ?
Aux multiples calamités, les sociétés ont surtout tenté de conférer du sens. L'explication scientifique, le recours au religieux, la sublimation esthétique, les différentes formes de fiction et de mise en scène graphique sont autant de moyens culturels pour gérer la catastrophe ou anticiper le risque.

Bibliographie de base :
François Walter, Catastrophes : une histoire culturelle XVIe-XXIe siècle, Paris : Éditions du Seuil, 2008, 380 p. (Collection L'Univers historique).


27 septembre : Une histoire culturelle de la catastrophe. Un désir de catastrophe

4 octobre : Une théologie de l'histoire

11 octobre : [pas de cours en raison d'un engagement professionnel à l'étranger]

18 octobre : Le risque calculé et la physico-théologie

25 octobre : Mise en image et catastrophe spectacle

1 novembre : Lisbonne et le paratonnerre. Les progrès de la raison

8 novembre : Les effets du choléra et la civilisation prométhéenne

15 novembre : Science et esthétique de la catastrophe. Les nouveaux risques

22 novembre : Les années 1900 et la Première Guerre mondiale

29 novembre : La Deuxième Guerre mondiale

6 décembre : L'apocalypse nucléaire

13 décembre : Le principe de précaution ou les pathologies de l'hyperorganisation

20 décembre : L'écologie critique et les nouvelles chimères environnementales

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