La société du risque
« Un autre symptôme funeste frappait fortement le commun des esprits. La catastrophe, désormais périodique, régulière, rentrait dans les prévisions et prenait dans les statistiques une place de plus en plus large ». Cette phrase extraite d'un roman d'Anatole France (1908) peut résumer la nouvelle perception du risque et des catastrophes qui caractérise le XXe siècle. Auparavant circonscrite, la menace de destruction potentielle est désormais plus diffuse. Le nouveau paradigme explicatif insiste sur le rôle de l'homme dans les catastrophes quelles qu'elles soient. C'est donc tardivement, au XXe siècle, qu'il se substitue complètement à des modes d'intelligibilité purement naturels, dans lesquels l'homme n'avait que peu d'importance parce que le parti pris d'objectivation des phénomènes naturels refusait toute conception suspecte d'anthropocentrisme. En avançant prudemment, on verra que la nouvelle manière de lire la catastrophe, toute sécularisée qu'elle paraît, participe d'un transfert du religieux, notamment en situant les références à un niveau plus politique et en passant de l'individuel au collectif. Au lieu d'incriminer l'homme singulier sur le plan moral par le péché, la vision sociétale contemporaine met en accusation la faute collective inscrite dans le mode de vie. C'est pourquoi, les catastrophes sont déplacées sur un registre qui dénonce l'irresponsabilité des activités humaines. On entre dans la société du risque et dans celle de l'incertain.
18 février : Les nouveaux risques et leur anticipation
25 février : La Première Guerre mondiale
3 mars : Les nouvelles culpabilisations
10 mars : La Deuxième Guerre mondiale
17 mars : L'apocalypse nucléaire
31 mars : La fin de l'histoire
7 avril : Une nouvelle culture du risque
14 avril : Le principe de précaution
21 avril : Les pathologies de l'hyperorganisation
28 avril : L'écologie critique
5 mai : Prophètes et chimères
12 mai : [lundi de Pentecôte]
19 mai : Le néo-catastrophisme contemporain
26 mai : Conclusion et perspectives