BRITSCHGI, Y., Un équipement pour incarner la ville. Autour de l'abattoir municipal de Genève (1842-1850).
En 1842, l'autorité municipale de Genève, autonome depuis peu, décide l'édification d'un nouvel abattoir, afin de remplacer les deux anciens bâtiments de l'Ile et de Longemalle. Il a paru opportun de se pencher sur les raisons qui poussent l'Administration municipale à entreprendre une construction onéreuse sur site accidenté, resserré, et qui plus est, placé à l'intérieur des enceintes de la cité. Il apparaît à la lecture des sources que se noue autour du projet une série de questionnements qui dépassent largement ceux inhérents à un tel équipement, à savoir les questions des subsistances et de la salubrité. Le projet se trouve en effet au centre de débats où se mêlent autant des questions politiques, urbanistiques qu'économiques. Ces discussions s'intègrent parfaitement dans le contexte mouvementé des années 1840. Il en résulte que le projet du nouvel abattoir sert avant tout à imposer une nouvelle conception du fait urbain, où la fonction économique prédomine, et parallèlement, à libéraliser le commerce de la boucherie. Toutefois, si le projet sert de prétexte aux deux objectifs mentionnés, il participe lui aussi d'une nouvelle conception. L'organisation du bâtiment en circuit, ainsi que les nouvelles mesures imposées à sa mise en fonction impriment au projet une cohérence et illustrent les pratiques innovantes que met en place la nouvelle Municipalité. L'objet du présent travail consiste ainsi autant à identifier ces pratiques dans l'élaboration de l'abattoir, que de déceler l'imbrication entre les conceptions antagonistes de la ville et les décision de l'autorité municipale.