PERROT, C., L'Hygiène au foyer: une volonté d'ordonner et de régler les comportements populaires (1880-1900).
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les milieux dirigeants mettent en place des mesures d'hygiène, afin de résoudre les fléaux sociaux qui menacent la société. L'hygiène réunit tout un ensemble de préceptes et de pratiques qui oeuvrent en faveur de la conservation et de l'amélioration de la santé. Ce travail s'efforce de montrer comment les prescriptions d'hygiène pénètrent dans la vie quotidienne des classes populaires, à travers deux revues romandes destinées à leur éducation, entre 1880 et 1900. Dans le dernier quart du XIXe siècle, les découvertes pasteuriennes justifient l'instauration d'une hygiène scientifique préventive censée réguler les coûts de la santé, à la charge de l'Etat. Associée aux règles de conduites des individus, celle-ci s'inscrit dans le contexte d'un assainissement global de la société. L'insalubrité des logements fait l'objet de préoccupations. Pour les classes au pouvoir, le relèvement moral de la population laborieuse passe par l'amélioration des conditions d'habitation. Parallèlement à cette réforme est donc menée une croisade visant à éduquer les locataires. La femme joue un rôle important dans l'?uvre de relèvement social. La construction d'une image féminine destinée à l'économie domestique constitue, entre autres, un moyen de faire face à la montée des revendications féministes. La femme est responsable de la famille et de la maison. L'achat des aliments et la préparation des repas font également partie de ses attributions. L'alimentation nécessite des soins particuliers dans un contexte d'anémie généralisée, car la santé en dépend. Celle-ci donne lieu à un nombre considérable de règles d'hygiène dont le but est de la conserver, de prévenir les maladies et de faire reculer la mortalité. L'apprentissage de la propreté, mêlée de principes moraux, participe à la médecine préventive que les classes dirigeantes tentent d'appliquer aux classes populaires.